Le Parc Adèle Charruyer

Le Parc Adèle Charruyer est un des poumons verts de la ville de La Rochelle. Il trace une ligne franche entre ce que l’on appelle l’hyper centre et le quartier de La Genette. Le Parc Adèle Charruyer est un agréable espace vert avec de belles allées bien tracées d’environ deux kilomètres de long, d’une superficie d’environ 40 hectares. Un parc animalier y est installé depuis 1945.
Le Parc Adèle Charruyer est classé monument historique depuis 1931.

Un peu d’histoire

Le 27 Juillet 1881 Adèle, l’héritière de la famille Charruyer signe, devant notaire, son dernier testament. Elle est la fille d’Étienne Charruyer, armateur rochelais du XIXe siècle et, par ailleurs, un des fondateurs/souscripteurs des bains Marie-Thérèse.
C’est une famille aisée, qui a acquis terrains et belles demeures au fil des années. Adèle Charruyer est un des propriétaires du château des Gonthières à Rompsay. Mais également de vastes étendues de terrains marécageux, situés à l’emplacement des anciennes fortifications, entre la mer et la place des Armes, mieux connue aujourd’hui sous le nom de Place de Verdun.

1885 plus tard, Adèle décède. Et, selon ses vœux, la somme de 100 000 francs est léguée à la ville afin d’aménager un parc sur les terrains insalubres. Grâce à ce legs, un parc va être aménagé sur le terrain militaire, situé aux pieds des fortifications ouest de la ville, datant de 1685. Les travaux commencent en mai 1887 pour s’achever en décembre 1890. Appelé à l’origine le Parc Monceau rochelais, le nom de Charruyer destiné à honorer la donatrice est donné au parc en 1888.

Le Parc Adèle Charruyer est un parc à l’anglaise, aux allées courbes et ombragées par de grands arbres. Il propose une agréable promenade pleine de charme. La rivière qui le traverse est exploitée dans l’esprit des aménagements autour de l’eau produits à l’époque de sa création (petit lac, ponts rustiques, cabanes de cygnes etc).

On peut  y découvrir, comme pour le jardin des plantes, différentes espèces d’arbres. De petits ponts y enjambent gracieusement des ruisseaux alimentés par le Lafond et le Fétilly.  Les arbres offrent un dortoir aux étourneaux, un abri discret à une famille d’oies sauvages qui a élu résidence permanente dans le parc, un parasol aux promeneurs, des coins ombragés où piqueniquer en toute liberté sur la pelouse en été.

Au sud, il dispose même d’un zoo.

Le parc animalier du Parc Adèle Charruyer

Si la création du zoo du Parc Adèle Charruyer remonte à 1945, la présence d’animaux est beaucoup plus ancienne. Savez-vous que historiquement, le Quartier de la Genette doit son nom à l’animal qui trouvait ce terrain de jeu formidable ?
Dès 1890, il est possible d’observer dans ce parc canards et cygnes. Des volières y ont même été construites. Au fil des ans et au gré des achats et des donations, on y voit des oies d’Egypte, des paons blancs, des cygnes noirs d’Australie, une cigogne, des grues couronnées, des chèvres d’Afrique, une autruche, un renard ou encore un couguar.

Aujourd’hui, on y trouve plus de 350 animaux à plumes sans compter ceux qui, avant migration vers le sud ou le nord, font étape dans le parc. Il y a aussi des écureuils, des daims, des chèvres, des poneys et des baudets du Poitou. Ces animaux évoluent en liberté ou en semi-liberté (sauf certaines espèces qui sont en captivité dans les enclos aménagés ou en volières) sur les plans d’eau, les pelouses, les allées, les arbres… L’accès au parc animalier est gratuit.

Gestion des espèces

Le responsable du Parc Adèle Charruyer et son équipe doivent gérer cette diversité, assurer la pérennité des espèces et le juste équilibre entre mâles et femelles. Une tâche qui n’est pas toujours facile.  Il y a aussi les animaux qui s’installent sans y avoir été conviés. En effet, c’est le cas des étourneaux qui élisent régulièrement domicile dans le parc et les espaces verts rochelais. L’inconvénient est qu’ils se déplacent par milliers et occasionnent de nombreux dégâts à la végétation. Il faut donc recourir à diverses techniques d’effarouchement.

Une vitrine de la conservation des espèces locales

L’objectif est d’orienter l’action du Parc Adèle Charruyer afin qu’il devienne une vitrine de la conservation des espèces locales. En effet, baudet du Poitou, poules de marans, oies blanches du Poitou et canards de Barbarie, troupeau de chèvres poitevines … sont déjà présents. Au gré des visites, les promeneurs peuvent découvrir des personnages en bois réalisés par un des agents du parc à partir de matériaux de récupération. En 2012, l’aire de jeux a été rénovée. En collaboration avec le Comité de quartier de La Genette, les services de la Ville ont un projet d’améliorer la signalétique des animaux notamment en ajoutant des panneaux contenant les textes écrits par une poétesse qui habite le quartier.

Un nom pour le Parc

En 2011, le Comité de quartier de La Genette (qui compte à l’époque parmi ses membres Emmanuel Beltremieux, son petit-fils) et la mairie de La Rochelle décident, de baptiser du nom de Charles-Edouard Beltremieux ce parc animalier du centre-ville. Charles-Edouard Beltremieux est un ancien conservateur du Muséum et Maire de la ville de La Rochelle de 1871 à 1874 puis de 1876 à 1879. Une belle manière de rendre hommage à cet homme qui rejoint ainsi les Bonpland, Fleuriau, de Bellevue ou les d’Orbigny, dans la toponymie de La Rochelle. 

Un épisode douloureux

Comme aime a le raconter Jean Luc Labour ancien Directeur de l’Office de Tourisme de La Rochelle, le parc a connu un épisode difficile. Celui de l’installation de la téléphonie ! L’administration des télégraphes installe des poteaux afin de créer le réseau de lignes téléphoniques juste avant 1900. Les années suivantes, les branches des arbres grandissent trop vite et atteignent les fils. Les employés s’invitent, munis de chaussures crantées et coupent tout ce qui dépasse sans se soucier des torts qu’ils causent aux espèces déjà en place. La maladie s’installe dans les brèches causées par l’Homme.

Le saviez-vous ? l’origine du nom Charruyer

Le patronyme Charruyer est surtout porté en Poitou-Charentes. Le nom peut désigner un laboureur (dérivé de “charrue”), mais aussi un conducteur de char, un charretier (sens encore attesté en Champagne au XIXe siècle).
Caruyer, la variante de Charruyer est aussi portée dans le Nord-Pas-de-Calais.
Carouy, autre variante est surtout porté en Belgique, dans le Hainaut. Si l’on en croit les nombreuses variantes. Deux solutions semblent possibles : soit le surnom d’un laboureur (picard “caruyer”, voir aussi Charruyer). Soit l’ancien français “carroi” = carrefour, place publique (mais aussi charroi en picard).
Depuis plus d’un siècle, le Parc Adèle Charruyer est un lieu unique de promenade et de détente à deux pas du port, dans un îlot de verdure.
Nous vous parlerons des autres parcs du quartier de La Genette… à suivre !

Sources :

Site Officiel de la ville de La Rochelle
La Rochelle il y a 100 ans Jean-Luc Labour
Sud-Ouest, octobre 2010
www.musicme.com
Généanet