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Les Bains Marie-Thérèse

Les Bains Marie-Thérèse

L’ÈRE BALNÉAIRE À LA ROCHELLE-LES-BAINS

Qui connait encore les Bains Marie-Thérèse à La Rochelle ? Vous voyez le Casino ? Et bien, c’est à peu près ici que se situaient les Bains Marie-Thérèse ouverts dès le début du XXe pour accueillir les baigneurs.

Un peu d’histoire

Ancien Musée d’Orbigny-Bernon – octobre 2011 : Une exposition sur “La Rochelle-les-Bains” présente le portrait de Marie-Thérèse, duchesse d’Angoulême, dernière dauphine de France, peinte par Robert Lefèvre, peintre officiel de la famille impériale.  Mais, que fait-elle là à accueillir le visiteur à “La  Rochelle-les-Bains” dans un faste costume ?
La réponse se trouve dans sa main droite. Marie-Thérèse tient un opuscule intitulé, “Bains Marie-Thérèse. À La Rochelle, 1827”.

marie thrse

Ce portrait, dont elle fit don à la ville, fut accroché à l’époque dans le salon d’honneur du premier établissement de bains construit à La Rochelle. Ouvert le 10 juin 1827, entre la promenade du Mail et la mer, le bâtiment à l’architecture néo-classique est baptisé “Bains Marie-Thérèse”. En effet, la duchesse d’Angoulême, passée par La Rochelle en 1823, avait alors promis au maire Antoine VIAULT de soutenir la jeune Société des bains.

Suivant l’exemple de Dieppe, La  Rochelle est une des premières villes de la façade atlantique à s’intéresser aux bains de mer. Certes, les bains de mer étaient pratiqués par les Grecs et Romains et, dans les siècles suivants, par l’élite de la société. Malgré tout, jusqu’au XVIIe siècle, toute la population – y compris les aristocrates de la Cour de Louis XIV – traumatisée par les épisodes successifs de peste, craint de s’immerger dans l’élément liquide, notamment l’eau chaude, censée ouvrir les pores de la peau et permettre ainsi l’introduction de miasmes dans l’organisme.
En ces premières années du XIXe siècle, l’accès à la plage n’est pas encore familier et l’usage du bain est encore thérapeutique.

En fait, les Anglais sont les premiers à en avoir découvert les vertus. Pour l’anecdote, ce fut vers 1750 que la ville de Brighton, à 60 km au sud de Londres, entame sa transformation de ville de pêcheurs en station balnéaire pour des Londoniens, venus profiter des avantages pour la santé de l’air et de l’eau marins. Au début du 19° siècle, c’est le Prince Régent, futur roi George IV, qui consacre la mode en faisant construire à Brighton le célèbre Pavillon Royal, conçu dans une magnifique architecture orientaliste inspirée par l’exotisme ramené de l’Inde.
La Rochelle -1926, un groupe de bourgeois rochelais (dont Etienne Charruyer, père d’Adèle dont le legs à la ville a permis la création du Parc Charruyer) fonde les Bains Marie-Thérèse, du nom et sous le patronage de la duchesse d’Angoulême.
Le groupe se décide à relancer des activités qui sommeillent dans un contexte économique ralenti depuis la Révolution.
Le vaste bâtiment, comprend salons et pavillons pour chaque sexe avec cabinets de bain et salles de repos. Il se situe entre la promenade du Mail et la falaise. L’accès à la mer se fait par des rampes menant aux cabines de bain et à la “plage” est dallée de granit. Là, les hommes et les femmes sont séparés et un rideau tendu en travers préserve les dames des regards indiscrets. Surtout fréquenté par la population locale, l’établissement tient plus de lieu de fêtes et convivialité rochelaise que d’espace thérapeutique.

Vous pouvez lire un document relatant l’inauguration.

Bains froids ou bains de lame

En fait, le soutien de Marie-Thérèse reste purement théorique et, contrairement à ce qui s’est produit à Dieppe grâce à la duchesse de Berry, qui en était une habituée, jamais l’aristocratie ne fréquenta La Rochelle. Qu”importe. La ville dispose d’un splendide établissement, avec cabines de bains chauds (alimentés en eau de mer), douches, salons de repos, soins thérapeutiques sous la surveillance d’un médecin. En outre, aux pieds des Bains Marie-Thérèse, la mer berce déjà les amateurs de “bains de lame” qui revêtent leur tenue de bain dans les tentes prévues à cet effet. L’ère balnéaire venait de commencer.

Mais les Rochelais du XIXe siècle n’affrontent pas toujours la baignage en costume de bain. En témoigne un arrêté municipal de 1816, qui interdit de se baigner nu, ni même en slip ou en caleçon de bain dans le port et le bassin. Les jeux de ballons sont tout simplement interdits. Les contrevenants encourent même des amendes et une peine de prison d’un mois à un an !

Bains Marie Therese plans 1

Les établissements de bains se multiplient

A partir de 1827, au delà des Bains Marie-Thérèse, les établissements de bains se multiplient. Les formules se cherchent et de nouveaux programmes architecturaux accompagnent ces nouvelles pratiques “à l’anglaise” pour l’usage des élites. Les premières stations estivales s’articulent autour des établissements de bains dont le programme évolue rapidement : les soins thérapeutiques allient les bains chauds pris en baignoire (à la mode thermale) et les différentes pratiques de bains à la lame, dans la mer. Le bain froid s’effectue en pleine mer ou dans des piscines aménagées, semi-ouvertes. Les établissements de bains sont également dotés de nombreuses fonctions liées à la sociabilité et aux loisirs. Ils se rapprochent ainsi de la typologie des casinos, et peuvent même faire fonction parfois d’hôtel, comme dans les bains Jaguenaud.

Construits vers 1850, les Bains Jaguenaud (appelés par la suite Bains Richelieu), plutôt chic et aux “prix très modérés” (comme dit l’affiche), accueillent baigneurs et curistes et offrent au public de plus en plus de loisirs (jeux, concerts, bals) en s’entourant de vastes jardins très appréciés. Il y a un train direct de Paris, “trajet en 12 heures”, et “l’omnibus de l’Établissement est à la disposition des baigneurs à leur arrivée en chemin de fer”. Les pratiques commerciales et touristiques que nous connaissons aujourd’hui sont déjà bien en place.

affiche

A proximité du Mail, les Bains Louise, en revanche, ouvrent leurs portes aux femmes de la classe ouvrière en 1870 et un établissement plus modeste, les Bains Guillemet, existait déjà depuis 1860, en pleine ville, rue Fleuriau.

L’ensemble, pensé entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle, impose un système de balnéarisation à trois niveaux : le chemin et le Mail ; les plages et l’aménagement des bains; et entre les deux, le jardin à l’anglaise. A noter que cette première « balnéarisation » s’est donc faite hors de la ville emmurée.

La fin d’une ère

Aujourd’hui, tous ont disparu. Les Bains Richelieu ont disparu en 1897. Les bains Marie-Thérèse sont rachetés par la ville en 1902 qui y apporte diverses améliorations comme la construction d’une salle de spectacle. Entre-temps, l’usage du bain de mer s’est modifié et le plaisir de la baignade popularisé. Pour y faire face, La  Rochelle n’a qu’une plage très modeste dite de La Concurrence en référence aux Bains Marie-Thérèse.

En 1907, la ville y entreprend des travaux conséquents. Elle agrandit la plage, installe des cabines neuves et fait construire un café et la Pergola. Une vaste jetée promenade s’ouvre désormais jusqu’au casino du Mail, attirant à la belle saison des centaines de personnes y compris celles de l’intérieur de la région venant passer un dimanche à la mer par les “trains de plaisir”.

carte

“Pourtant, La  Rochelle n’a jamais réuni tous les ingrédients indispensables à la réussite de sa station balnéaire. Mais cette expérience fut aussi le point de départ du développement d’une autre politique touristique tournée vers le patrimonial et l’événementiel. Parallèlement, tout en s’agrandissant à l’ouest, la ville a réussi à éviter les tentatives de spéculations, limitant l’implantation de luxueux établissements sur le front de mer et le Mail en conservant un littoral paysager qui en fait aujourd’hui sa particularité et contribue à son charme”.

Sources :

Sud-Ouest, article de Christiane Poulin, août 2011
L’hebdo du Charente-Maritime, septembre 2011
Les Archives municipales
Bains Marie-Thérèse Gallica.bnf.fr

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