Le chancelier Pierre Doriole
Pierre Doriole ne possède pas de rue à son nom dans le quartier de La Genette. Une rue existe à La Rochelle, mais dans le quartier de Laleu. Aussi, rue de Périgny, se trouve le Lycée professionnel Pierre Doriole.
Pourtant, dans le quartier, vous pouvez admirer la statue imposante de cet ancien maire de La Rochelle.
Où cela ? Dans le périmètre de l’espace animalier du Parc Charruyer.
Son histoire
Pierre Doriole, né aux environs de 1410 est fils de Jean Doriole (Jehan Doriole ou d’Oriole), bourgeois de La Rochelle, lui-même maire de la ville et seigneur de Loiré-en-Aunis.
Pierre épouse en 1469 Charlotte de Bar, veuve de Guillaume de Varye.
Tour à tour, Pierre, sire de Loire, est général des finances et maître des comptes sous Charles VII. Chancelier sous Louis XI, Président de la Chambre des comptes à Paris sous Charles VIII. Il est maire de La Rochelle de 1451 à 1461. Pierre Doriole, fin négociateur, est chargé de plusieurs missions diplomatiques. La plus célèbre se conclut en 1478, par la signature de l’ambassadeur d’Angleterre au bas d’un traité prolongeant la trêve entre la France et l’Angleterre, de cent ans (le traité de paix de Picquigny avait été conclu le 29 août 1475 entre Louis XI et Édouard IV).
Plus qu’un maire, Pierre Doriole est un personnage d’Etat.
Par ailleurs, cet homme d’affaires rédige un mémoire montrant l’intérêt du trafic maritime pour le commerce des épices. « En 1468 (il a alors 61 ans), il adresse au Roi un mémoire dans lequel il démontre la nécessité et les avantages de l’interdiction qui avait été faite, de laisser entrer les épices par le canal des entreprises étrangères. Il précise que la position des côtes du Royaume est extrêmement favorable au trafic maritime et qu’elles ouvrent, de toutes parts, des ports à nos navigateurs. A ceux-ci qu’il revint de se charger du transport et de l’importation des denrées étrangères, et surtout des épices, un marché qui rapporte chaque année aux Vénitiens un bénéfice de quatre cent mille écus ! ».
Pourtant, le Roi qui l’a élevé au rang de Chancelier, l’en fait descendre. Le grand âge de ce magistrat ne lui permettant plus de travailler avec autant d’ardeur qu’autrefois… Comme si les honneurs accordés au mérite, à la longueur du travail et au zèle qui face à son impuissance même, devaient ne pas être prolongées. Vraisemblablement un prétexte. Louis XI dans les noirs accès de sa mélancolie entretenue par son mal, et par la crainte d’une mort éminente, ne se nourrit plus que de soupçons et de défiances. Dans ces moments critiques, son entourage sait desservir le chancelier Doriole, trop élevé pour n’avoir pas de jaloux.
Il meurt le 14 Septembre 1485.
Pourquoi Pierre Doriole est-il moins connu ?
Lorsque l’on parle des personnages de l’histoire connus de La Rochelle, on pense directement à Jean Guiton, Eugène Fromentin, Guy-Victor Duperré. Pierre Doriole vient après. Peut-être que ces missions d’Etat et notamment celles à l’étranger l’ont éloignée de la ville…
L’histoire veut que ce soit Léonce Vieljeux, maire de La Rochelle de 1930 à 1940, qui insiste pour que Pierre Doriole soit réhabilité. En effet, Pierre Doriole est une figure qui a compté aussi bien au niveau régional que national.
Et comme dit le dicton, nul n’est prophète en son pays, il aura fallu presque cinq siècles pour que la ville lui rende honneur.
L’auteur de la sculpture
Son auteur rochelais est Georges Chaumot, fils d’un tailleur de pierre. Lors de votre visite dans la ville, vous pouvez retrouver d’autres de ses œuvres dont une dans le quartier de la Genette. Les éléphants du monument de la porte neuve ! Egalement, la frise du porche de l’église de Fétilly ou les reliefs de l’ancienne maternité. Aussi, l’ancien fronton de la gare maritime de La Pallice, mais aujourd’hui détruit.
La statue imposante de Pierre Doriole est en fait très tardive et n’est réalisée qu’en 1941, puis inaugurée en 1956. En effet, le travail de l’artiste est interrompu par sa mobilisation sous les drapeaux.
Sur la statue, on peut voir les indications suivantes : Pierre Doriole – 1407-1485 – maire de La Rochelle – chancelier de la France – premier président de la chambre des comptes.
Pierre Doriole est debout, tenant un parchemin dans la main droite. Il porte un manteau fermé par une ceinture, la main gauche sur un des pans du manteau. Son chapeau est ressemblant à celui des représentations d’époque de Thomas More, humaniste de la Renaissance.
Après recherches dans les archives, la statue fut acquise pour 30 000 F imputables sur les crédits du budget des Beaux-Arts (exercice 1939), puis commande modifiée à 25 000 F imputables sur plusieurs exercices des crédits du budget Beaux-Arts, chapitre des « acquisitions et commandes d’œuvres d’art à des artistes vivants » (arrêté du 14 mars 1940 du ministère de l’Education Nationale (dont les Beaux-Arts faisaient partie). Pierre Ladoué, conservateur du musée national d’Art moderne de l’époque, écrit dans son rapport du 29 juin 1941 au Secrétaire général des Beaux-Arts que « Cette œuvre ne me semble pas manquer de puissance, en dépit d’une certaine lourdeur d’exécution, et de la grosseur exagérée des mains. ».
L’estampe présentée de Pierre Doriole provient du cabinet de gravures constitué par Louis-Philippe, duc d’Orléans puis roi des Français. Elle fait partie d’une collection du Château de Versailles.
Conclusion
Si vous détenez des archives ou informations au sujet de ce personnage et notamment de sa vie à La Rochelle, merci de vous rapprocher du comité de quartier.
Que faut-il retenir de ce personnage rochelais ? A l’époque, le grand plus de Pierre Doriole est de connaître parfaitement les lois, les usages et le droit public, connaissances nécessaires à ces hommes qui ont une destinée d’état. Son grand talent fut celui de l’intuition dans la compréhension des hommes…
Sources
Histoire de la ville de La Rochelle et du pays d’Aulnis, en 1754
Archives Nationales à Paris
Collections du Château de Versailles