Comité de quartier de La Genette
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Rue Georges Emonin

plaque de rue G.Emonin

Rue Georges Emonin dans le quartier de La Genette.

Les noms de rues de La Rochelle sont parfois destinés à des personnes historiques, élus de plus ou moins longue date. Georges Emonin fait partie des personnes plus confidentielles qui se sont illustrées par des actes de bravoure.
Rendons hommage dans cet article à ce héros ordinaire de la Seconde Guerre mondiale.

Sa famille

Georges Antoine François Emonin est le fils de Victor Émile Eugène, sous-officier au 4e régiment d’artillerie et de Sophie Célestine Séraphine Fierobe. Il est né le 17 mars 1902 à Besançon dans le Doubs dont sont originaires ses parents. Il exerce la profession de radiotélégraphiste à La Rochelle. Il se marie le 25 juillet 1925 à La Rochelle (Charente-inférieure, Charente-Maritime) avec Marceline Fort. Leur fils Max est né le 30 juin 1926.

La guerre

Il est mobilisé en 1939 comme second maître dans la marine à la base de La Pallice et démobilisé après l’armistice. Pour rappel, septembre 1939, c’est la déclaration de guerre par la France et l’Angle­terre à l’Allemagne d’Hitler. Les Rochelais accueillent les 1ers réfugiés de Meurthe-et-Moselle puis des Belges, des Nordistes et des Parisiens. Mai 1940, la « guerre éclair » lancée par surprise par les Allemands sur la France mène à une invasion progressive du pays. Puis le 15 juin, ce sont les 1ers bombardements sur le port de La Pallice, l’ennemi largue des mines dans la rade.
À partir de septembre 1942, le réseau Alliance, qui dispose de plus d’une centaine de membres dans la ville, transmet à Londres tous les mouvements du port de La Pallice. Vers la fin 1942, les autorités allemandes commencent à faire le lien entre de nombreuses affaires d’espionnage découvertes en des points très divers du territoire français  et comprennent que ces liens touchent le réseau Alliance. L’Abwehrstelle (AST), ou le service de contre-espionnage de la Wehrmacht, s’est chargé de mettre fin aux agissements du réseau. Nous sommes en février 1943 et sous la pression allemande, le gouvernement de Vichy créé le Service du Travail Obligatoire (STO) dans le but de réquisitionner de la main-d’oeuvre au service de l’indus­trie de guerre allemande.

L’Alliance

Georges Émonin, sa femme Marceline, tout comme Léonce Vieljeux, Franck Delmas et d’autres rochelais encore, faisaient partie du puissant réseau de résistants Alliance fondé par Georges Loustanau-Lacau, Léon Faye et Marie-Madeleine Fourcade (“Hérisson”) dès le début de l’Occupation. Alliance est l’un des plus actifs réseaux de renseignement de la Résistance, et compte jusqu’à 3 000 membres, 100 postes émetteurs, et 1 liaison aérienne tous les mois avec Londres. C’était le plus important des réseaux dépendant de l’Intelligence Service britannique (IS) sur le territoire français. D’abord implanté en zone sud, le réseau s’est étendu dans les zones occupées et interdites à partir de 1942. Vers la fin de 1942, les autorités allemandes commencent à faire le lien entre de nombreuses affaires d’espionnage découvertes en des points très divers du territoire français  et ont compris que ces liens touchaient le réseau Alliance. L’Abwehrstelle (AST), ou le service de contre-espionnage de la Wehrmacht, s’est chargé de mettre fin aux agissements du réseau. Georges Emonin entre dans la Résistance en juillet 1943 ; Au début du mois d’août 1943, les Anglais demandent au réseau de leur fournir des cartes très précises du littoral et des défenses allemandes. Les différents groupes du réseau vont se mobiliser afin de réaliser une carte gigantesque par ses dimensions et sa minutie. A l’automne 1943, des arrestations de résistants un peu partout et particulièrement le long de la côte atlantique portent de graves contrecoups au réseau Alliance. Mais le travail de renseignement continue. A la fin de l’hiver 1943-1944, une carte de plusieurs mètres de long est remise à Marie-Madelaine Fourcade. Alliancese charge du renseignement sur les sous-marins pour la bataille de l’Atlantique, transmet les informations sur les nouvelles armes mises au point par l’Allemagne, et arrive à communiquer à Londres les emplacements des bases de lancement. Georges Emonin est alors opérateur radio sur la région Sud-ouest “Hangar” et le secteur Bordeaux-La Rochelle, avec le pseudonyme “Cariama”. Il surveille avec ses camarades du réseau affectés au secteur, les mouvements de navires dans le port de La Pallice et transmet les renseignements à Londres. Mais la pénétration d’un agent du poste Abwehr de Dijon provoque l’effondrement du réseau, alors que Marie-Madeleine Foucade (“Hérisson”) est à Londres.

Exécution

Début 1944, il ne reste plus que 80 agents actifs. A partir du mois de janvier les arrestations tombent sur La Rochelle : Léonce Vieljeux, Franck Delmas, Georges Émonin, Jacques Chaperon, Franck Gardes, François Gravot et Yann Roullet sont arrêtés. Le 29 avril, Georges, Marceline, leur fils Max, âgé de 17 ans, et les autres membres du réseau sont dirigés vers Strasbourg puis transférés par camion à Schirmeck, “un camp de redressement initialement destiné aux Alsaciens et Mosellans réfractaires au régime nazi. Mais il reçoit en fait des prisonniers d’un peu partout, au hasard des sorts individuels, de l’évolution des lois répressives et de l’arbitraire nazi.  Tous les hommes, sauf Max, sont enfermés au block 10 (le block des “terroristes du réseau Alliance“) et marqués avec les lettres “NN” (Nacht und Nebel – Nuit et Brouillard – donc destinés à être exterminés sans laisser de traces).  “Ils portent des vêtements provenant du vestiaire des disparus, barrés de larges coups de pinceaux (croix dans le dos, traits sur les manches et les pantalons) avec les lettres NN peintes en rouge dans le dos afin de bien les identifier et de les surveiller”. Les femmes, quant à elles, également désignées NN se trouvent au “garage”, bâtiment qui servait à l’origine de remise pour les voitures. Max restera à Schirmeck jusqu’au 21 décembre puis il sera dirigé sur Dachau ensuite transféré à Sachsenhausen le 18 janvier 1945 et enfin admis à l’hôpital de Weilburg où son oncle le retrouve gravement blessé au mois de juin 1945. “Les hommes aussi bien que les femmes n’ont pas le droit de sortir de leurs quartiers, ne peuvent entrer en relation avec aucun des autres détenus (qui eux, quand ils ne sont pas au travail, ont l’autorisation de circuler à l’intérieur du camp), et ne peuvent recevoir ni lettre, ni colis. Leur présence doit être gardée secrète”. Ils sont déjà plongés dans la nuit et le brouillard. En tout, 108 membres du réseau Alliance se trouvent emprisonnés au camp de Schirmeck. Dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, une camionnette amène 107 détenus du réseau, par petit groupe, au camp de concentration de Natzwiller-Struthof, le seul sur le territoire français, situé à 6 km de Schirmeck. Tous, hommes et femmes, sont exécutés d’une balle dans la nuque et leurs cadavres brûlés ensuite dans le four crématoire. Un témoin va subsister, le docteur Lacapère du réseau du Lavandou : isolé, gardé à Schirmeck comme médecin du camp, il voit ses amis partir.

Pour la mémoire

Georges Emonin fut homologué comme chargé de mission de 3e classe de la DGER (Direction Générale des Etudes et Recherches) avec le grade de sous-lieutenant.
Il obtint les mentions “Mort pour la France” le 26 février 1951 et “Mort en déportation” par arrêté du 22 octobre 2007, ainsi que le titre de “Déporté résistant” le 7 août 1956.
Son nom figure sur la plaque commémorative du réseau S.R. Alliance au camp de concentration du Struthof, à Natzwiller (Bas-Rhin) et sur le monument aux morts de La Rochelle.

Pourquoi cette rue ?

Initialement, la rue s’appelait rue de Béarn et les Émonin y habitaient. Quoi de plus naturel et quelle fierté pour leur fils Max.
Après investigations dans les archives d’état civil, Max, né en 1926, se serait marié à Bordeaux en 1947. Pas d’autres informations trouvées… pour le moment !

SOURCES :

MémorialGenWeb

Wikipédia “Réseau Alliance”

AD17

georges20emonin
Photo trouvée parmi  les  dossiers des Allemands à avoir survécu à la destruction lors de l’abandon du camp fin 1944.
Rue geroges emonin 3
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