Rue de Missy
Rue de Missy, une rue et un collège de La Genette rendent hommage à un homme, armateur et commerçant, dont le parcours aussi personnel que professionnel a marqué l’histoire de La Rochelle. Positivement ou négativement, c’est à vous d’en juger !
La famille de Missy
Demissy père appartient à ce cercle d’armateurs négociants protestants qui contribuent à la prospérité de la ville et édifient leur propre fortune en même temps que de superbes hôtels particuliers où logent les familles. Le commerce colonial rochelais est cependant frappé par une crise de 1769 à 1772. Demissy père et son beau-frère et associé Meschinet de Richemond sont impactés.
L’histoire de Samuel
Samuel de Missy (Samuel, Pierre, Joseph, David, de Missy, 30 octobre 1755 – 20 octobre 1820) est commerçant et armateur, originaire de la ville de La Rochelle.
Il est le fils de Samuel Pierre de Missy, syndic de la Chambre de commerce de La Rochelle, et de Marie Anne Fraigneau. Marié à Esther Liège, fille de Pierre François Liège, maître de la monnaie royale à La Rochelle, et d’Anne Esther Auboyneau. Il est le beau-père du général André Lafont de Cavagnac et de Jacques Edouard Conquéré de Montbrison.
Sa fortune provient de la vente de vêtements aux navires et aux expéditions en partance pour les Antilles. En particulier vers Saint-Domingue où les armateurs rochelais possèdent à l’époque des plantations. En effet, c’est à tout juste 17 ans que Samuel quitte son berceau rochelais pour gagner l’Isle de France (île Maurice) en plein rebond économique depuis la suspension du monopole de la Compagnie des Indes. Le jeune homme connaît de rapides succès commerciaux.
De 1776 à 1782, Samuel de Missy est volontaire dans la compagnie des volontaires de Port-Louis (Ile de France). Il s’établit à la Rochelle et se montre favorable aux idées nouvelles. Bien qu’il fût peut-être un acteur du commerce triangulaire, il conteste la légitimité de l’asservissement des Africains dans les colonies françaises, et rejoint la Société des amis des noirs. Ses prises de positions abolitionnistes lui causent de nombreux soucis à La Rochelle. En effet, la ville prospère en grande partie grâce au commerce triangulaire… Face à un tollé général, il renonce à ses idées, de craintes de représailles et de l’impact négatif sur l’économie rochelaise en cas d’abolition de l’esclavage.
C’est en homme fortuné qu’il permet à sa famille d’être réhabilitée grâce au recouvrement des créanciers de son père et de son oncle. La confiance instaurée, il fait désormais partie des armateurs reconnus comme Fleuriau.
La vie politique de Missy
Homme de progrès, Samuel est aussi franc-maçon. En 1789, Il devient Député de l’Isle de France (devenue Ile Maurice) à l’Assemblée Nationale Constituante et de l’an XII à 1815. La traite négrière disparait au cours des années 1790 et le dernier navire négrier rochelais, le Saint-Jacques est capturé en 1793. Au mois de février 1794 le Comité de Salut Public proclame l’abolition de l’esclavage.Après sa première session à l’Assemblée nationale, Samuel de Missy revient à la Rochelle où il remplit différentes fonctions militaires ainsi que des fonctions administratives. Il est administrateur de l’hospice général de la Rochelle, maire de la Rochelle, assesseur du juge de paix, conseiller général et sous-préfet de la Rochelle de l’an X à l’an XII. Le 27 brumaire an XII, le Sénat conservateur le choisit comme député de la Charente-Inférieure au Corps législatif, et lui renouvelle ce mandat le 2 mai 1809.
Président de canton, de juillet 1803 à janvier 1813, ses services lui valent les titres de chevalier de la Légion d’honneur et de chevalier de l’Empire. Après la chute de Napoléon, il se rallie à la Restauration, est nommé conseiller municipal de la Rochelle le 21 février 1815, et président du collège électoral de la Rochelle, le 2 août suivant. Il meurt à La Rochelle en 1820 à l’âge de 65 ans.
Réhabiliter la mémoire de De Missy
La participation de Samuel de Missy à l’esclavage fait débat. Jean Hesbert, historien, apporte dans un ouvrage publié en 2024 et disponible auprès de notre bibliothèque, “Samuel de Missy, armateur rochelais sur l’Océan Indien”, des éléments en ce sens à verser au dossier.
L’architecture de la rue de Missy
La rue de Missy est une perpendiculaire qui va de l’avenue Jean Guiton à l’avenue Edmond Grasset. Une rue des plus longues du quartier de La Genette ! Cette rue est en fait issue de la structuration d’un chemin vicinal allant de la falaise à la Ferté (cf illustration plus bas). Ce chemin fut un axe très pratique pour le transport des engrais pris à la mer par les habitants de Saint Maurice.
Le nom de rue de Missy commence à apparaitre dans les comptes-rendus des délibérations du Conseil municipal de La Rochelle en 1912.
Elle est bordée sur une partie importante, de jolies maisons typiques de La Rochelle.
En effet, on peut voir de nombreux alignements de maisons dites de série. A l’époque de leur construction quelles années après 1900, elles constituent des moyens efficaces pour satisfaire aux exigences de rapidité et d’économie tout en garantissant une cohérence urbaine de ces nouveaux quartiers. Au fil des ans, certaines se sont modifiées.
Aujourd’hui, ces maisons sont très recherchées par les jeunes familles en quête d’un bout de jardin. On peut voir que d’années en années, les parcelles vertes d’origine sont dans beaucoup de cas, largement réduites au profit d’un habitat plus grand.
Le collège de Missy
Le collège de Missy, situé rue de Bois de l’Epine est bien connu des adolescents du quartier. Ainsi, de la maternelle à la fin du collège, les enfants doivent attendre d’être au lycée pour sortir du périmètre du quartier. Selon les orientations, certains n’iront pas bien loin en traversant tout simplement le parc Charruyer.
Le saviez-vous ?
Le Patronyme de Missy ou Demissy est surtout porté dans les Ardennes, la Marne et la Meuse. Il désigne celui qui est originaire de Missy, nom de trois communes de l’Aisne (Missy-aux-Bois, Missy-sur-Aisne et Missy-lès-Pierrepont) et d’une commune du Calvados.
La dernière demeure de Samuel de Missy se situe d’après son acte de décès au 3 rue de l’Escale à deux pas du Quartier de La Genette. (cf acte de décès)
Sources
Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)
Les huguenots et l’Atlantique (éd. Indes savantes, 2009)AD17 acte de décès n°465 page 127
Les Huguenots et l’Atlantique Pascal Even
Ecrits de Jean Hesbert Délégué de Patrimoine Environnement