Gaspard de Coligny naquit à Châtillon-sur-Loing en 1519. Son père était d’une famille ancienne et avait épousé en 1514 Louise de Montmorency dont un des frères était Anne de Montmorency, connétable de France entre 1538 et 1541. Lorsque son père mourut en Guyenne en 1522. Gaspard avait trois ans, et il s’était déjà fait remarquer par son goût pour les jeux guerriers.
Les jeunes Coligny reçurent une éducation humaniste. À cette époque, un gentilhomme étudiait le trivium et le quadrivium (les 7 arts libéraux),et également les arts de la cour (notamment la danse et le jeu de paume et les arts de guerre (équitation et escrime) auxquels Gaspard et ses frères s'initièrent sous la tutelle d’un ancien soldat, Guillaume de Prunelay.
Depuis la mort du père, l’oncle de Montmorency surveillait cette éducation et il nota avec satisfaction les progrès de Gaspard en latin qui auguraient d’un avenir ecclésiastique. Mais le jeune homme se rebella. Il voulait faire carrière dans l’armée.
En 1530, Louise de Montmorency, la mère de Gaspard, fut nommée dame d’honneur d’Éléonore d’Autriche, la femme de François 1er et la famille se retrouva à la cour qui était une des plus brillantes d’Europe. Les grandes maisons s’y disputaient la faveur du roi et le clan des Montmorency y jouissait d’une influence grandissante. Politiquement, la France, l'empire de Charles Quint son rival et les États Pontificaux étaient les plus grandes puissances européennes.
Sur le plan religieux, la France s’était engagée dans la voie d’une certaine indépendance, l’humanisme se répandait et avec lui une critique des pratiques religieuses, qui appelaient des réformes et provoquait des oppositions au sein de l’université et des ordres religieux inquiets de la diffusion des idées luthériennes. En 1533, l'année du schisme entre Rome et l’Angleterre, François Ier maria son fils Henri le Dauphin, à la nièce du pape Clément VII, Catherine de Médicis. En 1534 éclata l’affaire des placards qui allait déclencher une répression sévère contre les luthériens. François Ier était néanmoins embarrassé car il ne voulait pas s'aliéner les princes allemands favorables à la réforme.
Pendant ce temps, Gaspard de Coligny poursuivait ses études en compagnie des enfants du roi. La cour se déplaçait beaucoup, et les jeunes Coligny suivaient le roi de château en château. Gaspard s’était fait des amis, notamment le jeune François de Guise.
En 1542, les Coligny allaient faire leurs premières armes. Odet ayant choisi la carrière ecclésiastique et leur oncle de Montmorency étant écarté de la cour, il ne restait aux jeunes Coligny que les armes pour se faire un nom.
Lors de la guerre déclarée contre Charles Quint, Gaspard fit campagne au Luxembourg, dans le Comté de Flandre et en Italie où il participa à la victoire sans lendemain de Cérisoles. Il prit part à l'offensive navale contre les Anglais. Plusieurs fois blessé dans ces combats, il se distingua par son audace.
La mort de François Ier le 31 mars 1547 précipita son retour à la cour de France. Il fut nommé gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, reçut la charge en 1547 de Colonel-Général des bandes françaises.
1547 fut marquée par la mort de sa mère, Louise de Montmorency, qui s'était beaucoup rapprochée des idées de la réforme, et par son mariage avec Charlotte de Laval qui lui apporta de nombreuses terres en Bretagne.
La cour d'Henri II était un foyer d'intrigues où le clan des Montmorency et celui des Guise, soutenus par la toute-puissante maîtresse du roi, Diane de Poitiers se disputaient les faveurs du roi.
Le règne d'Henri II commença par une reprise des persécutions contre les réformés et des menaces du côté anglais qui refusait toujours de rendre Boulogne occupée. 1547/1548 Coligny fit partie de la délégation qui se rendit à Londres pour négocier la paix. Il rencontra le jeune Édouard VI sous le règne duquel la réforme anglicane se radicalisait pour se rapprocher du protestantisme. De retour à Paris, se jugeant mal récompensé des efforts qu'il avait déployés au service du roi, Coligny se retira sur ses terres et profita de ses loisirs pour rédiger un code militaire très rigoureux qui avait pour but de moraliser le comportement des troupes.
Le roi le rappela bientôt et Coligny repartit en campagne. Écarté du siège de Metz par François de Guise, il contribua à la victoire de Renty, s'emparant notamment de l'artillerie espagnole. Il fut nommé amiral de France en 1552 et gouverneur de Picardie. A la fin de l'année 1554, le roi ordonna la préparation d'une expédition secrète vers le Brésil, à Gaspard de Coligny. Il s'agissait de créer une colonie Française en Amérique du Sud.
En 1557, après la rupture de la trêve de Vaucelles passée avec Charles Quint, l'armée impériale, dirigée par le duc Emmanuel-Philibert de Savoie, assiégea la ville de Saint Quentin, défendue par Coligny, qui après une longue résistance, dut se rendre. Cette défaite très lourde pour la France entraina le traité de Cateau Cambrésis (1559).
Après la mort du roi Henri II, Coligny conserve ses fonctions et demeure chargé, en tant qu'amiral, d'organiser la flotte de secours pour l’Écosse. Il se rend pour cette cause à plusieurs reprises au Havre et à Dieppe. Cette occupation lui prenant beaucoup de temps, il démissionne en janvier 1560 de sa fonction de Gouverneur de la Picardie.
À la cour, il pousse Catherine de Médicis à adopter une politique de conciliation à l'égard de réformés. À l'origine, très modéré dans son adhésion à la Réforme protestante, il refuse par fidélité au roi, la voie de la violence et condamne la conjuration d’Amboise. Mais, las des intrigues de la cour et écarté du pouvoir par les Guise, il se retire régulièrement chez lui à Chatillon sur Loing; dans cette retraite, la lecture des livres des novateurs change ses opinions religieuses, et à l'instigation de sa femme et de son frère Andelot, il se convertit au Protestantisme. Durant l'été 1560, il participe publiquement au culte. Au cours de l'assemblée des notables de Fontainebleau, il communique au roi les revendications des protestants de Normandie.
La chute des Guise à la mort de François II le satisfait. Durant l'année 1561, il jouit avec ses frères d'une grande faveur auprès de Catherine de Médicis et ne désespère pas de la voir adhérer à la Réforme. Il participe au conseil du roi et joue un grand rôle dans la politique royale de conciliation. Cependant, la violente réaction catholique en 1562, obligea la reine-mère à se séparer de lui et Coligny rentra sur ses terres. C'est là qu'il apprend la nouvelle du massacre de Wassy et la marche à la guerre.
En 1562, lorsque la guerre éclata entre le parti protestant et le parti catholique, Coligny s'engagea aux côtés du Prince de Condé. Éprouvant des difficultés à entretenir une armée, il négocia une aide financière avec Élisabeth 1ere d’Angleterre et en échange céda le port du Havre par le traité d’Hampton Court La livraison d'une place d'importance aux ennemis héréditaires de la France lui sera particulièrement reprochée y compris par les sympathisants de la Réforme.
Il participe à la bataille de Dreux qui marque la défaite de l'armée protestante face à l'armée royale. En 1563, on l'accusa d'avoir commandité l'assassinat du Duc de Guise. La mort de ce dernier, assassiné sous les murs d'Orléans, amena quelques années de paix.
Les armes ayant été reprises par les partis catholique et protestant en 1567, il quitta la cour avec Condé pour se réfugier en Bourgogne, puis à La Rochelle.
La troisième guerre de religion vit les défaites s’accumuler, d'abord Jarnac en mars 1569 où Condé fut assassiné, puis, malgré la victoire de La Roche l’Abeille, Coligny perdit du temps au siège de Poitiers car ses mercenaires, non payés, voulaient du butin, et il dut lever le siège avant d’être battu et blessé à Moncontour le 3/10/1569 où il fut défait par le duc d'Anjou, futur Henri III.
Coligny fuit alors vers le sud avec ses troupes et rejoint l'armée des «vicomtes» en Languedoc. Il reprend l'initiative, lève des troupes, pille les villages catholiques, prend Saint Etienne, remporte la victoire d’Arnay le Duc et remonte en 1570 jusqu'à la Charité sur Loire, menaçant ainsi Paris. Le roi cède, et ce fut alors la paix de St Germain en Laye le 8 août 1570.
Coligny cherche alors à rentrer dans les bonnes grâces du roi, qui l'avait condamné à mort et fait confisquer ses biens. En 1571, il rentre à la cour et le roi lui fit bon accueil. Les catholiques de la cour, cependant, le haïssaient, et son influence sur le roi reste limitée.
Le 22 aout 1572, peu après le mariage d'Henri de Navarre, le futur Henri IV, Charles de Louviers, tire sur Coligny depuis une maison appartenant aux Guise. Ayant envoyé son chirurgien Ambroise Paré, le roi accompagné de sa mère et son frère, se rendit au chevet du blessé, lui promettant justice. Mais l’assassinat de tous les chefs protestants fut alors décidé.
Dans la nuit du 23 au 24 aout 1572 éclata le massacre de la St Barthélémy. Pendant laquelle Coligny fut achevé dans son lit, à coups de dague. Son corps fut ensuite jeté par la fenêtre dans la cour Il fut ensuite transporté au gibet de Montfaucon où il est exhibé, pendu par les pieds.